Élisabeth Goupille raconte. ....
De ce jour, le destin d’Élisabeth est tracé. Au début de l’Occupation, à La Haye-Descartes, au sud de Tours, juste sur la ligne de démarcation, là où son père est vétérinaire, elle devient «passeuse». Au péril de sa vie, elle permet à de nombreuses personnes de rejoindre la zone libre. Parmi elles beaucoup de juifs. Ce qui vaudra à Élisabeth et sa famille d’être nommés «Justes devant les nations » par Israël en l’an 2000.
Ses jeunes frères, moins exposés qu’elle, ne sont pas en reste. À Combrée, dans le Maine-et-Loire, où ils sont en pension, leur esprit subversif et leur ardeur de gaullistes irréductibles leur vaudront d’être appréhendés à peu près en même temps qu’Élisabeth et leur père. « On a été dénoncés. Et arrêtés en janvier 1944 ». Condamnés à la déportation, ils sont tous envoyés en Allemagne dans divers camps. « Avec ma mère on s’est retrouvées à Ravensbrück. J’avais tout juste 18 ans… »
Une vie de bagnard, de terreur. « J’étais le numéro 35216. Je n’oublierai jamais l’appel chaque jour à 3 h 30. Il durait trois heures, par tous les temps. Quasiment nues, debout, nous étions gardées par des chiens loups. Quand on entendait une chute dans les rangs, c’était qu’une femme de plus avait succombé. Tous les jours je me répétais : la vie je t’aime. Je m’en sortirai. Je veux revoir mon papa ».
Enfin arrive la libération ! « Le 2 mai 1945 quand nous avons été remises à la Croix rouge danoise, je suis tombée dans le coma. Je pesais 24 kg ». Et après ? La famille se retrouve. Tous rescapés. Ils ont miraculeusement survécu. Incroyable !
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